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Régénérer les écosystèmes marins

par Louise-Océane Delion, biologiste marin créatrice de contenu scientifique pour Koraï


Introduction

Dans plusieurs de nos articles précédents, nous vous avons présenté les principaux écosystèmes marins d’Afrique (et du monde) : les forêts de mangroves, les prairies d’herbiers marins et les récifs coralliens. Nous vous avons expliqué ce qu’ils sont et leurs importance à la fois pour la biodiversité, le climat, les populations côtières et les êtres humains en général. Nous vous invitons à (re)lire ces articles pour comprendre les bases et ce qui suit dans ce nouvel article.

Malgré le rôle plus que vital que jouent les forêts de mangroves, les prairies d’herbiers marins et les récifs coralliens pour notre planète et la majorité de ses habitants (humains et non-humains), ces écosystèmes sont extrêmement menacés par les activités anthropiques : urbanisation, surexploitation des ressources, destruction physique, pollution, changement climatique…

Globalement, ce sont environ 29% des herbiers marins1, 35% des forêts de mangroves2 et 50% des récifs coralliens3 qui ont disparu depuis le siècle dernier. Ce déclin entraîne de lourdes conséquences à la fois pour l’incroyable biodiversité qui y vit et pour les populations côtières qui en dépendent. Leur dégradation entraîne également - dans le cas des mangroves et des herbiers – du relâchement de carbone dans l’atmosphère, sous forme de CO2, ne faisant qu’aggraver le dérèglement climatique.

L’urgence est face à nous. Agir pour remédier à la disparition globale des écosystèmes marins est nécessaire, pressant et inévitable.

Il apparaît évident que nous devons protéger et conserver ces écosystèmes… du moins, ceux qui persistent. Car il est également pertinent de se demander ce qui doit être fait pour les écosystèmes qui sont déjà endommagés ou qui ont totalement disparu : quel est le but de « protéger » ou de « conserver » un monde vivant abîmé ?

Nous devons transcender les notions de protection et de conservation du vivant, pour accéder à celle de la régénération. Régénérer, c’est aller plus loin que juste protéger ce qui est : c’est permettre de ramener à la vie ce qui a été endommagé.

Koraï est né de cette envie précise : permettre de ramener à la vie les écosystèmes marins africains qui souffrent aujourd’hui des activités humaines. Dans cet article, découvrez-en plus sur cette notion de « régénération », quels sont les facteurs à prendre en compte pour réussir et l’espoir pour le futur qui en découle.

Comprendre la régénération

Que veut-on dire par « régénération » ? À vrai dire, régénération peut aussi être remplacée par restauration, et plus précisément par restauration écologique.


Selon la Society for Ecological Restoration (Société pour la Restauration Écologique), la régénération/restauration c’est le processus qui consiste à aider à la récupération d'un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit4.

Il y a plusieurs formes de régénération :

  • Une régénération « passive » qui consiste à laisser le processus de régénération se faire tout seul, sans intervention humaine, après que la source de perturbation/endommagement ai été supprimée et

  • Une régénération « active » qui constitue à introduire des techniques et manipulations humaines pour aider l’écosystème

Régénérer oui, mais dans quel but ?

Contrairement aux idées reçues, souhaiter la régénération d’un écosystème ne veut pas forcément vouloir que l’écosystème retourne exactement au même état que celui dans lequel il était avant d’être endommagé. Il est très difficile de savoir à partir de quand l’on considère qu’un écosystème était dans un « bon » état car le vivant est en évolution constante et un écosystème change et se modifie continuellement.

L’objectif de la régénération d’un écosystème devrait plutôt être celui de permettre à un écosystème de redevenir sain, résilient et fonctionnel. C’est-à-dire l’aider à ce qu’il redevienne riche de vie avec de nombreuses espèces et de larges populations d'individus, qu’il retrouve un rythme efficace auquel il contribue aux flux naturels (production d’oxygène, stockage de carbone, recyclage des nutriments…) et qu’il puisse se remettre naturellement et facilement d’une pression extérieure (maladie, évènement climatique etc.).

Mettre les chances de notre côté

Afin d’assurer la réussite d’une mission de régénération d’écosystèmes, il y a de nombreuses considérations à prendre en compte. Régénérer un écosystème ne se fait pas en un claquement de doigts, mais si cela est fait avec planification, méthodes et les ressources (humaines et financières) suffisantes, les résultats peuvent être grandioses.

Avant de commencer toute intervention de régénération (par exemple : planter un pied de mangrove, ou bouturer un morceau de corail), il est important de comprendre ce qui cause la disparition de l’écosystème en premier lieu et de faire en sorte que cette menace soit limitée. Car essayer d’activer un processus de régénération d’un écosystème en continuant ce qui le détruit en premier lieu serait comme essayer de vider une baignoire avec un seau alors que le robinet coule encore…

Une autre condition primordiale à prendre en compte dans une démarche de régénération d’écosystème est l’implication des communautés locales : il est nécessaire que les personnes pour qui cet écosystème fait partie de leur environnement local et qui en dépendent puissent se sentir responsables et incluses dans la démarche. C’est en s’appropriant leur environnement et en s’engageant comme des êtres faisant entièrement partie de cet écosystème-là que les meilleurs résultats de régénération apparaîtront.

Le succès de la régénération d’écosystème dépend également des ressources financières. Celles-ci doivent être suffisantes pour permettre la mise en place d’actions de régénération et leur suivi, notamment pour un impact à grande échelle. C’est également sur cela que Koraï agit, en permettant à des entreprises et autres investisseurs d’orienter leurs fonds vers des projets à impacts visant à régénérer les écosystèmes marins en Afrique.

De l’espoir pour les écosystèmes marins

La régénération des écosystèmes marins fonctionne. De nombreux exemples dans le monde entier le prouvent chaque jour. Malgré une situation un peu morose à première vue, il existe finalement des solutions qui portent leurs fruits, et offrent une source d’espoir pour l’avenir.

Alors que des projets de régénération d’écosystèmes marins se développent un peu partout dans le monde, et ce depuis de nombreuses années, le nombre de projets en Afrique reste encore relativement faible.

Pourtant, avec l’étendue que représentent les forêts de mangroves, les prairies d’herbiers marins et les récifs coralliens le long des côtes africaines (117 000km2)5, il semble urgent d’agir et de régénérer ceux qui ont été endommagés et détruits.


Par exemple, les récifs coralliens recouvrent plus de 17 500 km2 en Afrique, dont 12 000 km2 dans le sud-est du continent, dans l'océan Indien6 : à Madagascar, en Afrique du Sud, au Mozambique, en Tanzanie... Tous les récifs coralliens de cette région sont menacés de disparition dans les 50 ans à venir si nous n'agissons pas maintenant6.


C'est pourquoi Koraï vise à régénérer les écosystèmes marins africains en commençant à Madagascar par la régénération des récifs coralliens.


Et si nous réalisions cette mission ensemble ?


Références

1 Waycott, M., Duarte, C. M., Carruthers, T. J., Orth, R. J., Dennison, W. C., Olyarnik, S., ... & Williams, S. L. (2009). Accelerating loss of seagrasses across the globe threatens coastal ecosystems. Proceedings of the national academy of sciences, 106(30), 12377-12381.

2Romañach, S. S., DeAngelis, D. L., Koh, H. L., Li, Y., Teh, S. Y., Barizan, R. S. R., & Zhai, L. (2018). Conservation and restoration of mangroves: Global status, perspectives, and prognosis. Ocean & Coastal Management, 154, 72-82.

3Eddy, T. D., Lam, V. W., Reygondeau, G., Cisneros-Montemayor, A. M., Greer, K., Palomares, M. L. D., ... & Cheung, W. W. (2021). Global decline in capacity of coral reefs to provide ecosystem services. One Earth, 4(9), 1278-1285.


5Tregarot, E., Touron-Gardic, Gré., Cornet, C.C., Failler, P., Valuation of coastal ecosystem services in the Large Marine Ecosystems of Africa, Environmental Development (2020), doi: https://doi.org/10.1016/j.envdev.2020.100584


6OBURA, David, GUDKA, Mishal, SAMOILYS, Melita, et al. Vulnerability to collapse of coral reef ecosystems in the Western Indian Ocean. Nature Sustainability, 2022, vol. 5, no 2, p. 104-113.



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